
1. Introduction : vers une nouvelle frontière stratégique
La question de la souveraineté européenne s’est longtemps concentrée sur la défense, l’énergie ou le numérique. Pourtant, une dimension centrale reste sous-estimée : la souveraineté cognitive, c’est-à-dire la capacité de l’Europe à protéger ses esprits, ses perceptions collectives, et la stabilité de sa vie démocratique face à des influences numériques massives.
Les réseaux sociaux, par leur omniprésence et leur pouvoir de façonnement affectif, représentent aujourd’hui un enjeu de sécurité stratégique. Cette note vise à poser les fondements d’une doctrine de résilience cognitive européenne.
2. Constat : une vulnérabilité croissante
2.1. Une Europe émotionnellement polarisée
D’après notre indicateur de polarisation cognitive, plusieurs pays européens montrent une montée inquiétante des affects collectifs sur les réseaux :
• Hongrie : 85/100 en polarisation émotionnelle
• Pologne : 80/100
• France : 76/100
• Italie : 71/100
Parallèlement, la confiance dans l’information chute dramatiquement :
• 45/100 en France
• 33/100 en Hongrie
• 38/100 en Pologne
Ce climat émotionnel instable favorise les campagnes d’influence, les discours extrêmes, les replis identitaires et la fragmentation démocratique.
2.2. Des plateformes sans transparence cognitive
Les grandes plateformes sociales, dont les algorithmes restent opaques, favorisent les contenus à fort impact émotionnel, indépendamment de leur véracité. Cette logique algorithmique commerciale entre en contradiction directe avec les objectifs de stabilité sociale, de dialogue rationnel et de confiance démocratique.
3. Une guerre douce mais réelle : vers une stratégie cognitive d’influence
3.1. La guerre cognitive comme nouvelle doctrine étrangère
Des puissances étrangères, en particulier la Russie, la Chine, mais aussi des groupes transnationaux, ont développé des stratégies d’influence cognitive via les réseaux sociaux :
• Diffusion de contenus anxiogènes ou conspirationnistes
• Exploitation d’événements nationaux pour polariser les opinions
• Utilisation d’IA générative pour créer du contenu manipulatoire
Il ne s’agit plus d’un cyberconflit classique, mais d’une “guerre mentale”, où l’adversaire n’est pas identifiable, et où l’arme est l’affect collectif.
4. L’urgence d’une souveraineté cognitive européenne
Face à ces menaces, l’Europe doit établir une doctrine claire :
4.1. Qu’est-ce que la souveraineté cognitive ?
La souveraineté cognitive désigne la capacité d’un État ou d’un ensemble politique à préserver l’intégrité mentale de ses citoyens face aux manipulations, aux intrusions émotionnelles, et aux logiques de désinformation numérique.
Elle implique :
• La maîtrise des flux d’informations émotionnels
• La résistance aux opérations d’influence
• Le développement d’une culture critique des réseaux
4.2. Les trois piliers d’une réponse européenne
1. Créer un Observatoire européen de l’impact cognitif des plateformes
• Évaluer régulièrement la polarisation, la désinformation affective et les dynamiques émotionnelles collectives.
• Coopération entre chercheurs, services de renseignement et institutions.
2. Mettre en place une Charte des Algorithmes Affectifs
• Imposer une transparence minimale aux plateformes (notamment sur les contenus 1. Introduction : vers une nouvelle frontière stratégique
La question de la souveraineté européenne s’est longtemps concentrée sur la défense, l’énergie ou le numérique. Pourtant, une dimension centrale reste sous-estimée : la souveraineté cognitive, c’est-à-dire la capacité de l’Europe à protéger ses esprits, ses perceptions collectives, et la stabilité de sa vie démocratique face à des influences numériques massives.
Les réseaux sociaux, par leur omniprésence et leur pouvoir de façonnement affectif, représentent aujourd’hui un enjeu de sécurité stratégique. Cette note vise à poser les fondements d’une doctrine de résilience cognitive européenne.
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